La figure du pyékoko - cocotier, en traduction française du créole martiniquais - récurrente dans le travail de Gwladys Gambie devient métaphore de ces corps-autres, de cette autre-mer, de ce lointain, ne demandant que respect de sa différence - à vrai dire pour qui l’est-elle, différente ? Brodée sur la robe démesurément longue portée par les échassières, le pyékoko devient idée-image et transforme la femme-pyékoko en corps-paysage dans le cadre de la performance déambulatoire et de la projection monumentale qui composent le projet Zumbi.
L’origine de la broderie de la robe des échassières, que l’on pourrait qualifier de « maritime » – est inspirée de la tradition de broderie de Vieux-Fort, en Guadeloupe, dont l’origine remonterait à l’arrivée de marins et/ou de groupes de demoiselles à l’époque coloniale –permet ici de relier la Guadeloupe où la robe fut réalisée, et la Martinique dont est originaire l’artiste, à la grande ville maritime de Rouen. Des derniers rayons du soleil rouennais s’infiltrant dans les jours de la robe, à la nuit impénétrable qui s’ensuivra, les échassières évolueront au sein du Jardin des Plantes puis au cœur du centre-ville, de la Cathédrale Notre-Dame de Rouen au musée de la Céramique. Au cours de ces trajets, les performeuses inviteront le public à s’immerger dans l’univers d’une nature bataillant pour ne pas tomber sous les coups du réchauffement climatique,
ni plus que sous les rafales des cyclones réels et métaphoriques, des préjugés qui provoquent rejet, racisme et misogynie.
La résilience d’être toujours doubout’ - debout - face à ces vents contraires, telle peut être une interprétation de la performance de ces échassières incarnant – plus qu’une robe, plus qu’une femme, plus qu’une figure spectrale, mystique même - un bouleversement prochain.
Adeline Chapin [Calendé]
Tèt chaudière
Sandrine Ramdaya
Wob moko
Djénaye Jesophe
Zumbi

